Abordons un thème tabou pour certains, douloureux pour d'autres, minimisé pour beaucoup, et bien connu pour ma part... Le harcèlement scolaire.
Vous savez, ce phénomène qui peut faire de vous ou de votre enfant le bouc émissaire de son établissement scolaire ? Bouc émissaire, je l'ai été pendant près de 5 ans. C'est un enfer quotidien qui a fait de moi une anoréxique pendant des années, m'a conduit à l'hôpital après une tentative de suicide, a brisé ma jeune personnalité, m'a fait plonger dans une longue et douloureuse dépression rythmée par des périodes d'auto-mutilation, une dévalorisation constante et une volonté de fuir mon malheur par les voyages ou par la mort.
Je ne cherche pas à me victimiser à travers cet article. Je ne cherche pas non plus à régler mes comptes avec mes anciens agresseurs (certains d'entre eux étudiant actuellement en faculté de médecine, se préparant à sauver des vies après avoir passer une grande partie de leur adolescence à détruire la mienne...). Je cherche simplement à expliquer à ceux qui ne le savent pas ce qu'est réellement le harcèlement scolaire, à donner des conseils aux parents et aux victimes de ces agissements, à répondre à ceux qui minimisent cette souffance et à mettre les coupables de ce phénomène face à la gravité de leurs actes.
~ Mon histoire ~
Mon calvaire a commencé le jour où j'ai décidé de changer d'école. Je me plaisais beaucoup dans l'école primaire où j'étais scolarisée. J'avais de nombreux amis et je n'étais la victime de rien ni personne. Je n'expliquerai pas ici les raisons qui m'ont incité à changer d'établissement. Toujours est-il que quand je me suis retrouvée dans ce nouvel établissement, dans un nouveau groupe, avec une nouvelle méthode d'enseignement, les choses ont vite dérapé. Pour des raisons que je ne comprendrai jamais vraiment, un petit groupe de garçons a décidé que j'étais détestable. Tout est très vite devenu sujet aux moqueries. Ma passion pour la lecture, d'abord, mes vêtements, puis mon physique. Ayant un grand front, je recevais des insultes comme "tu as le front horrible d'une handicapée mentale"... puis les violences physiques ont commencé. Des bousculades d'abord, puis les petits coups. Jamais trop forts, mais suffisamment pour que je me sente humiliée et en insécurité. Puis des remarques systématiques sur absolument tout ce que je disais. On m'imitait pour se moquer de me gestuelle, on rigolait à chacune de mes interventions en classe. Quand j'avais des bonnes notes et qu'on me félicitait, je me faisais moquer et insulter en sortant de cours. On me méprisait aussi beaucoup parce que je parlais une langue régionale. Une langue de "plouc" comme le leur avaient enseigné leurs parents... tout ce qui me tenait à coeur était critiqué, insulté. Mes passions, les choses qui faisaient ma vie, les gens et les choses que j'aimais. J'étais une horrible fille, moche au possible, stupide, méprisable. Si bien que peu d'élèves osaient s'approcher de moi et sympathiser, de peur d'être moqués à leur tour. Le groupe de mes harceleurs s'est peu à peu élargi. Au bout d'un moment c'était presque tous les garçons de la classe qui me persécutaient. L'équipe pédagogique était incapable de régler le problème, malgré mes nombreuses plaintes ainsi que celles de mes parents. J'espérais que mon entrée au collège apaiserait la situation. Je pensais me fondre dans la masse, passer inaperçue, et je croyais qu'avec le temps, mes agresseurs se lasseraient...
Au collège, les choses ont largement empiré. Le groupe qui me persécutait s'est encore élargi grâce aux élèves venant des villages voisins. Certaines filles se sont également mises à me détester. Certaines d'entre elles faisaient semblant d'être mes amies pour que je leur fasse des confidences qu'elles s'empressaient ensuite de rapporter à leurs camarades qui pouvaient divulguer au collège entier (il y avait à peine 200 élèves) mes petits secrets. Puis la violence physique est devenue plus fréquente. Je me revois me faire encercler par quatre élèves alors que je lisais sur un banc avant de me faire projet violemment contre le mur, le sol et le banc à trois reprises si bien que j'en fus blessée. Les couloirs étaient devenus des endroits dangereux. On m'écrasait volontairement contre les murs jusqu'à ce que j'étouffe puis on me relâchait. On me faisait chuter, parfois dans les escaliers. En cours, on me lançait des crayons, des compas, des ciseaux, des boulettes de papiers pendant toute l'heure du cours, sans que cela ne semble gêner le professeur censé nous encadrer... on me réptait en permanence que j'était moche. Même des personnes avec qui je me suis liée d'amitié pendant plusieurs années me le disaient. J'avais un front trop grand, une peau trop claire, j'était trop petite, je ne portais pas des vêtements à la mode, ma manière de me coiffer n'était jamais belle, je n'avais pas une belle voix, je marchais comme un singe. A l'époque où certains commencent à avoir des flirts on me disait qu'aucun garçon ne pourrait s'intéresser à moi, à moins d'être désespéré. J'entends encore l'un d'entre eux venir vers mois en me demandant "est-ce que tu accepterais de sotrir avec celui-là ?" et d'ajouter, après que j'aie dit non "Si même un laidron comme toi ne veut pas de lui, il restera toujours seul!"... et puis j'étais systématiquement moquée quand je recevais des bonnes notes et les félicitations de mes professeurs. On me faisait payer le fait d'être une bonne élève. Je savais, à chaque fois que j'avais réussi un devoir, que je serai agressée à la sortie du cours. Si par chance le professeur ne divulgait pas ma note à haute voix, ils allaient me forcer à la leur donner et m'insulter si elle était trop bonne ou bien s'empresser de dire à tout le monde si j'avais moins bien réussi. Lorsque je participais en cours, on imitait mes gestes dans le but de me moquer, on répétait ce que je disais en prenant une voix débile, et tout le monde rigolait. Si je rougissais, pleurais ou montrais que j'étais vexée, ils recommençaient de plus belle.
J'avais peu d'amis. J'ai été presque tout le temps seule pendant un an. Les élèves évitaient de se montrer avec moi de peur d'être la cible des persécutions à leur tour. Je ne faisais confiance à personne. Je ne comprenais pas ce que j'avais fait pour mériter un tel traitement. Dans mon ancienne école, au sein des associations dont j'étais membres, avec les gens que je connaissais en dehors du collège, je n'avais pas de tels problèmes, au contraire. Et pourtant mon comportement était le même partout...
Dans les deux années qui ont suivi, les choses ont pris un tournant tragique. Le collège recevait certains adolescents très difficiles. Plusieurs étaient impliqués dans des trafics de cannabis et de cocaïne. Il est arrivé qu'ils soient pris sur le fait avec ce genre de substances sur eux sans qu'ils soient pour autant renvoyés du collège... ce collège était connu depuis longtemps pour ses problèmes de drogue. Si les garçons aimaient beaucoup fumer tout et n'importe quoi, les filles avaient elles un goût prononcé pour la boisson qu'elle emmenaient parfois avec elles dans leur sac de cours... personne ne m'a jamais rien proposé, mais certains des trafiquants m'ont causé des souci. Les menaces se sont fait plus pressantes et si j'avais le malheur de dénoncer un de ceux qui me persécutaient, les représailles pouvaient être terribles. C'est comme cela que j'ai un jour été attaquée avec une arme blanche dans la cour, lors d'une disput violente entre moi et quelques garçons où des coups furent échangés. J'ai porté plainte et l'intervention des gendarmes dans l'établissement a permis, pour un temps, de calmer un peu les choses. Pour autant, les suspects n'ont reçu aucune punition pour leur implication dans mon agressions et pour les nombreuses fois où ils m'avaient agressée physiquement et verbalement auparavant...
On me volait aussi très souvent mes affaires, on me les abîmait régulièrement, surtout les objets personnels que je pouvais emmener avec moi et qui avaient une valeur sentimentale, comme certaines images, certains livres, certains petits objets fétiches...
Ceux qui savaient où j'habitaient disaient tout le temps que j'avais une maison de "plouc", faisaient de méchants commentaires sur mon jardin, mes animaux, ma famille... un autre problème est très vite survenu, et pas des moindres, la langue. Je parle une langue régionale depuis mon enfance. Un de mes professeurs, avec qui j'ai encore de très bonnes relations, parlait également cette langue depuis son enfance. Nous aimions bavarder ensemble dans notre langue commune. Cela lui faisait plaisir et à moi aussi. Mais bien sûr, cela a attisé la jalousie de la majorité des élèves, qui, pour se venger de ne pas comprendre un traître mot de la langue de leur grands-parents, me moquaient, insultaient ouvertement cette langue et tous ses locuteurs, y compris moi et le prof, allant même jusqu'à se plaindre aux autres professeurs et au principal du collège que l'utilisation de cette langue entre mon prof et moi était suspecte... ils m'ont fait avoir honte de ma propre culture, de ma langue maternelle, de mon identité...
Une rumeur est également venue s'ajouter à l'enfer dans lequel j'étais plongée depuis quelques années déjà. J'avais tissée un semblant d'amitié avec une fille. Une des rares à accepter de me parler, avant de rejoindre le camps de mes bourreaux, elle aussi... puisque nous étions toujours ensemble, certains des garçons ont décidé de lancer la rumeur comme quoi moi et cette fille étions lesbiennes et entretenions des relations sexuelles dans les toilettes... cela est doublement choquant. D'une part, le fait de lancer des rumeurs sur les orientations sexuelles de quelqu'un, et d'autre part de penser que cela est assez choquant d'être homosexuelle pour je mérite d'être persécutée. Cela en dit très long sur l'éducation reçue de leurs parents... pour justifier leur délire, ils ont inventé toutes sortes de choses, à caractère sexuel évidemment, pour me faire du mal et me faire paraître honteuse aux yeux des autres. Si j'avais été lesbienne et amoureuse d'une fille, où était le mal ? Pour eux, visiblement, l'homosexualité restait un délit... beaucoup de personnes ont cru à cette rumeur et ne m'ont plus adressé la parole pendant des mois, de peur d'être associé à une "gouine"... quand je me suis plaint de leurs attaques répétées, ils n'ont rien trouvé de mieux que d'inventer que je les traitais aussi d'homosexuels, chose fausse mais qui a suffit à ce qu'ils ne soient pas punis...
En plus du cauchemar quotidien que je vivais au collège, je vivais une situation familiale catastrophique, très douloureuse et qui participait à la destruction de ma personnalité et de mon équilibre psychique. Cela s'est terminé par une tentative de suicide à l'intérieur même de l'établissement. Je remercie énormément les membres de ma famille qui ont dit à moi ou à ma mère que j'avais simulé, que ce n'était qu'une "mise en scène" orchestrée afin d'attirer l'attention et autres horreurs que je préfère ne pas publier ici...
J'avais assez de mal à me remettre de mes émotions, des réactions honteuses de ma famille, que déjà je recevais des nouvelles du collège où les élèves n'avaient pas perdu de temps pour se réunir afin de comploter dans mon dos, diffuser de nouvelles rumeurs, toutes aussi incroyables que dégueulasses sur mon compte, avec parfois le soutien de leurs parents... après deux semaines en hôpital psychiatrique, j'ai été une nouvelle fois confrontée à la cruauté sans limites de ces adolescents dégénérés... je suis tombée dans une profonde et longue dépression, je suis devenue anoréxique, avec tous les problèmes de santé que cela entraîne, j'ai commencé à m'auto-mutiler, à broyer du noir et à attendre que cela se termine, d'une manière ou d'une autre. Je suis devenue une autre personne. J'ai perdu mon sourire, ma joie de vivre, mon envie d'aller de l'avant, de réaliser mes projets... j'étais détruite.
Mon calvaire a pris fin avec la fin du collège. Au lycée, je n'ai pas souffert de telles persécutions. J'ai obtenu mon bac avec Mention Bien, j'ai étudié à l'étranger,où j'ai brillamment réussi et je continue à étudier ce que j'aime, à voyager, à avoir différentes activités.J'ai une vie sociale, des amis, et je n'ai jamais revécu l'enfer que fut le collège. Preuve que le problème ne venait pas de moi mais bien d'eux...
~ Ma réaction face aux agresseurs ~
Vous pensez bien que je ne suis pas restée sans réagir pendant ces 5 années. Dès la première fois où j'ai été insultée et harcelée, j'ai immédiatement réagi. J'ai toujours dénoncé la moindre de mes attaques. Mes parents ont continuellement envoyé des lettres, passé des coups de téléphones et demandé des rendez-vous avec la direction de l'établissement. On me répondait toujours la même chose "on ne peut rien faire si on ne les prend pas en flagrant délit"... comme si ces monstres étaient assez stupides pour m'agresser devant un adulte... au final donc, aucune punition. Certains ont simplement été convoqués à quelques reprises pour " s'expliquer" mais en sont ressortis avec le sourire aux lèvres, trop heureux des représailles qu'ils allaient m'infliger... seule la venue des gendarmes après l'agression à l'arme blanche a pu calmer les esprits pendant quelques mois. Cela n'a tout de même pas empêché les parents de certains de dire des choses horribles à mon sujet à ces mêmes gendarmes, menaçant de devenir violents si j'osais m'approcher d'eux... étant donné que je n'avais aucune aide à attendre de l'équipe pédagogique, j'ai décidé de prendre les choses en mains toute seule. J'avais pratiqué les arts martiaux pendant mon enfance, alors je m'y suis remise. Cela m'a permis de me défendre quand j'étais frappée. Et cela en a dissuadé plus d'un de s'approcher de moi. Mais cela n'a pas plu à l'équipe du collège qui m'a reproché le fait de "profiter de mon statut de victime pour me défendre"...
Au départ, je ne voulais pas changer de collège. Je considérais que ce n'était pas à la victime de changer d'établissement mais aux agresseurs. Mais en voyant que la situation ne changerait jamais, je me suis tout de même posé la question de changer d'établissement. J'en ai même visité un et j'ai franchement pensé m'y inscrire. Mais j'étais terrorisée à l'idée de devenir une fois de plus la cible de certains, qu'en plus je ne connaîtrais pas du tout. Quitte à se faire humilier au quotidien, autant que cela soit par des gens qu'on connaît...
Je n'ai pas reçu d'aide de la part de l'équipe pédagogique. Mes persécuteurs l'avaient bien compris et en ont profité au maximum. Pourtant, plusieurs de ma classe, avec qui j'étais devenue amie au fil du temps, bien conscientes de la situation que je subissais, ont écrit à plusieurs reprises au principal, expliquant avoir été témoins de nombreuses fois des agressions dont j'étais victime et demandant à ce que mes persécuteurs soient punis. Cela non plus, n'eut aucun effet... j'entends encore certains adultes me dire "tu dois être patiente, ils sont jeunes, ils finiront par se calmer d'eux-mêmes, tu dois faire preuve de patience et d'ouverture d'esprit à leur égard..."les gens qui dirigeaient ce collège n'auraient jamais dû être là où ils étaient. Ils étaient incapables de s'occuper d'adolescents et encore moins de les éduquer bien qu'il s'agisse d'un petit collège public d'à peine 200 élèves...
~ Les conséquences du harcèlement scolaire ~
Il y a des conséquences à court terme et à long terme. A court terme, c'est l'isolement, le repli sur soi, la dépression. Mais c'est aussi le fait de faire chuter ses notes volontairement. Je ne voulais plus être une bonne élève et encore moins la meilleure dans certaines matières parce que cela faisait enrager mes harceleurs qui redoublaient de méchanceté à mon égard. Ainsi, j'étais plutôt contente d'avoir des difficultés en mathématiques, cela m'épargnait bien des insultes...
La dévalorisation de soi est une conséquence à long terme. A force d'entendre tout le temps qu'on est moche et stupide, on finit par y croire et on s'interdit de se trouver joli(e) ou intelligent(e). On considère ceux qui affirment le contraire comme des menteurs qui se moquent de nous. On se déteste, on souhaite ne plus exister. On se considère comme une erreur. On est traumatisé et on n'ose plus aller vers les autres, de peur de souffrir. Ou alors, on tombe dans la dépendance affective, on s'accroche à n'importe qui, même des gens qui n'en valent pas la peine, et on souffre. On accepte d'être humilié puisqu'on l'a toujours été. On pense que c'est normal de ne pas être respecté et on ne se rebelle pas contre un partenaire tyranique, un supérieur autoritaire ou un membre de la famille qui vous rejette. On ne se considère pas comme étant digne d'être aimé, respecté. C'est mon cas... on voudrait ne plus souffrir et enfin goûter à la joie de vivre, mais on ne sait pas ou plus ce que c'est, alors on reste dans ce qu'on connait très bien et qui paradoxalement nous rassure, le malheur et la souffrance.
Peut-on se reconstruire après avoir été le bouc émissaire de son école ? Oui, et heureusement! Mais cela n'est pas aussi simple. J'ai suivi trois psychothérapies, je m'apprête à suivre de l'hypnothérapie pour gommer mes traumatismes causés par des années d'humiliations, d'abus physiques et psychologiques. Dans mon cas, se sont en plus ajoutés des chocs émotionnels causés par des situations familiales terribles, des agressions à caractère sexuel et autres... alors oui, on peut s'en remettre, mais rarement seul. Je ne connais pas une seule personne ayant vécu le même enfer que moi qui s'en soi remis(e) facilement et sans aucune aide. La thérapie est un passage obligé dans bien des cas pour reconstruire sa personnalité.
Etre brisé psychologiquement à un âge où l'on construit sa personnalité laisse des séquelles profondes. Penser le contraire est de l'ordre du stupide et n'importe quel bon thérapeute vous dira la même chose. En tout cas, tous ceux que j'ai consultés (la liste est relativement longue) confirment mes propos. Heureusement de nos jours, il existe beaucoup de thérapies, de professionnels qui sont là pour aider à réparer les dommages causés par des années de souffances et il y aussi beaucoup de gens comme moi, anciennes victimes, qui peuvent soutenir ceux qui ont réussi à survivre à un tel cauchemar ou qui sont en train de le vivre. Il ne faut surtout pas rester seul!
~ A ceux qui minimisent la violence scolaire ~
On entend très souvent dire...
"Oh! les enfants sont naturellement gentils! ils ne connaissent pas la cruauté et ne se font pas de mal entre eux !"
==> d'où vient cette idée reçue selon laquelle la méchanceté serait l'apanage des adultes ? Vous n'avez pas entendu parler des enfants tueurs de Liverpool ? Vous n'entendez jamais parler dans les médias d'enfants étranglés dans les toilettes par leurs camarades de classes, tués lors de bagarre particulièrement violentes ? La haine, la cruauté sont des sentiments connus de nombreux jeunes êtres. Et l'effet de groupe ne fait qu'amplifier les tendances perverses de certains. Certains pédopshychiatres considèrent qu'il y a environ un bouc émissaire par classe, surtout au collège. Il y a des enfants et des adolescents au comportement pervers, dangereux et cruel qui décident de concentrer les pires sentiments qui fourmillent en eux sur une cible. La cible est généralement un autre enfant qui paraît différent à cause d'une caractéristique physique, d'une particularité (un élève très intelligent, ou au contraire ayant certaines difficultés en classe, un élèves souffrant d'une maladie, s'habillant d'une façon originale, nourrissant une certaine passion, etc.). A partir du moment où un ou deux élèves décident de collaborer pour persécuter la cible, les autres auront tendance à les rejoindre, non pas parce qu'ils sont méchants de nature, mais parce qu'ils préfèrent, et c'est bien compréhensible, être du côté des bourreaux plutôt que de celui de la victime. Et ainsi, l'effet de groupe fait se concentrer la majorité de la classe, et parfois toute la classe, sur un projet commun: attaquer celui ou celle qui a la malheur d'être perçu(e) comme différent(e). Ce genre de situation peur perdurer indéfiniment s'il y a pas une réaction immédiate des adultes et entraîner des conséquences très graves sur la victime.
"C'est normal qu'il y ait de la violence entre élèves, et c'est un bon moyen d'apprendre à se défendre, parce que dans la vie active, ce sera tout aussi violent! "
==> Est-ce vraiment le genre de société que vous voulez voir perdurer ? De telles réactions, si courantes pourtant, devraient faire peur à la plupart des gens. Qu'est-ce que l'école ? Un lieu où l'on enseigne des matières afin de s'assurer que les membres de la société aient un socle de connaissance solide. Certes, mais pas seulement. L'école est aussi un lieu de socialisation. Apprendre l'anglais, l'Histoire, les sciences, on peut aussi bien le faire par correspondance, ou avec un tuteur. Mais si nous allons à l'école, c'est pour se faire des amis et se préparer à la vie en société. L'équipe pédagogique gérant un établissement est censée nous apprendre les bases de la vie sociale. Et cela passe par l'apprentissage du respect, de la solidarité, de l'altruisme, et certainement pas par celui de la violence, sous prétexte que " la vie est violente"! Oui, la vie violente, et vous voulez qu'elle le reste ? Alors continuez sur votre lancée, car notre société n'ira pas en s'améliorant avec des gens comme vous! Moi je suis de ceux qui veulent voir les prochaines générations évoluer dans un climat plus serein. Et c'est l'école qui le leur permettra, en leur inculquant les bonnes valeurs! C'est pour cela qu'il est impératif que les adults en charge des établissement scolaires réagissent immédiatement dès qu'un phénomène pareil pointe son nez, et sensibilisant les élèves sur les conséquences désastreuses du harcèlement scolaire. Laisser pourrir une situation pareille, comme le font beaucoup de responsables de collèges, c'est criminel.
" Ce n'est pas si grave que ça, ça ne va jamais très loin et on s'en remet vite"
==> Vraiment ? Vous devriez aller expliquer un raisonnement aussi foireux à la mère de la petite Pauline qui a préféré se suicider l'an dernier plutôt que de retourner au collège où elle vivait le même enfer que moi! Allez aussi le dire aux parents de ceux qui ont tenté de mettre fin à leurs jours parce qu'il ne pouvaient plus supporter les coups, les insultes, les humiliations à répétition, dans l'indifférence totale du principal de leur collège ou du proviseur de leur lycée! Et n'oubliez pas non plus de l'expliquer aux patients de plus en plus nombreux, qui se retrouvent dans les salles d'attente de psychiatres, parce que dix ans plus tard, ils ne se remettent toujours pas du traumatisme que fut pour eux l'école!
Il est temps d'arrêter de minimiser un phénomène aussi dangereux que celui-là! Le harcèlement scolaire tue! Mettez-vous ça dans le crâne une bonne fois pour toutes! Des exemples d'adolescents qui préfèrent choisir la mort plutôt que de retourner en cours, vous en trouverez beaucoup dans les journaux! Des gens qui sont atteints de phobie scolaire, qui ont raté toutes leurs études alors qu'ils étaient de très bons élèves, il y en a énormément! Ne dites pas ce que c'est quelque chose de "normale" avant d'avoir vécu dans la peau d'une victime de ces malades neserait-ce qu'une journée!
~ Aux victimes et à leurs proches ~
==> ce n'est pas vous le problème!
Cessez de culpabiliser! Non, vous ne méritez pas ce que vous vivez ni ce que votre enfant subit! Pesonne ne mérite ça, pas même les agresseurs en question! Vous n'êtes pas responsable de ce qui vous arrive, et vous n'avez pas à avoir honte. On vous dit ou dira souvent qu'il faudrait que vous alliez consulter. Non, ce n'est pas à la victime de se faire soigner parce qu'elle est la cible de persécutions ( à moins qu'elle ne provoque volontairement ses camarades de classe, cela va de soi!). Ce n'est pas votre comportement qui est anormal, c'est celui de vos agresseurs. C'est eux qui devraient avoir honte d'insulter, d'humilier, de frapper, de proférer des menaces, des insultes à caractère raciste, sexiste, homophobe ou autres! C'est à eux d'être aidés par des professionnels de santé! Et si vous êtes les parents d'un enfant accusé de harceler d'autres élèves, il est de votre responsabilité de prendre les mesures qui s'imposent, à savoir, faire soigner votre enfant, car ce genre de comportement n'est ni normal ni acceptable!
==> Réagissez!
Si vous êtes victime de harcèlement scolaire ou si un enfant proche de vous l'est, ne perdez pas une seule seconde de votre précieux temps pour mettre un terme à une situation qui n'a aucune raison d'être dans un établissement scolaire. Voici la marche à suivre que je vous conseille:
1) prenez contact dans les plus brefs délais avec les responsables de l'établissement. Ne demandez pas, EXIGEZ, qu'ils fassent leur travail, c'est à dire, recadrer les élèves pour qu'ils mettent en application les valeurs que l'école est censée leur transmettre, à savoir, le respect de l'autre.
2) si la situation perdure, c'est pour une raison bien simple, l'équipe pédagogique n'est pas compétente. Il n'est pas normal que votre enfant franchisse les portes de son école, de son collège ou de son lycée avec la peur au ventre, et il n'est pas normal non plus que vous vous demandiez ce qu'il va se passer chaque fois que vous le déposer le matin devant son établissement. Le principal, les surveillants, les professeurs et les autres membres de l'équipe sont payés pour assurer à votre enfant une instruction dans les meilleures conditions possibles. Ils sont censés avoir reçu une formation pour être capables de réagir effiacement face à ce genre de dérives (sauf pour certains surveillants, bien entendu). S'ils ne sont pas capables de mettre un terme au calvaire de votre enfant, cela veut dire qu'ils sont incompétents et il est insupportable que votre enfant doive payer pour leur incompétence. Dans ce cas, ne vous acharnez pas à vous plaindre, cela ne servira à rien. Soit il sont efficaces, et dans ce cas, dès la première ou deuxième plainte, l'affaire est réglée, soit ils ne le sont pas, et dans ce cas, vous n'avez pas de temps à perdre. N'attendez rien des élèves pervertis qui sont à la source de vos problèmes. Ils ne changeront jamais si les adultes autour d'eux ne changent pas. J'ai commis l'erreur de m'acharner à rester dans mon collège, pensant que la situation finirait par s'arranger. Je ne souhaite à personne de devenir la personne que je suis devenue à cause de ma stupide volonté à vouloir rester dans ce maudit collège... ne commettez pas la même erreur que moi ainsi que les autres parents qui ont perdu leur enfant depuis. Quittez l'établissement. Et si jamais le même problème surgit dans le nouvel établissement, partez encore. Il vaut mieux chercher longtemps un bon établissement où votre enfant pourra s'épanouir et étudier sereinement, que de le donner en pâture à ces fauves dont personne ne vient à bout.
==> Limitez la casse!
Le harcèlement scolaire aura comme conséquence inévitable des séquelles psychologiques profondes sur la victimes et un risque de plus en plus élevé, à mesure que le temps passe, que celle-ci ne tente de se faire du mal. Mais de nos jours, il y a d'autres dangers auxquels on ne pense pas toujours: le cyber harcèlement. J'ai eu la chance d'avoir traversé cette horrible période de ma vie à uné époque où Internet était très peu présent dans notre quotidien. Tout le monde n'avait pas une connection internet chez lui, et les réseaux sociaux étaient de toute manière inexistants. Je n'ai donc pas été harcelée par e-mail, ni via un réseau social quelconque. En revanche de nos jours, preque tous les jeunes ont un compte Facebook, Twitter, un blog, etc. On assiste de plus en plus à une nouvelle forme de persécution sur le net. Les agresseurs ne se contentent plus d'humilier la victime à l'école, ils continuent leur jeu immonde sur internet. Ce genre d'individus sont par exemples capables de créer des pages ou des groupes Facebook sur lesquels ils se déchaînent sur la victime. S'ils réussient à obtenir des photos de leur cible, ils les publieront, certaines retouchées, afin de nuir gravement à leur victime. Et à ce stade, il devient très très difficile de venir complètement à bout de ses bourreaux. Quitter l'établissement scolaire ne sera plus suffisant, il faudra en plus vivre avec le fait qu'on sera poursuivi sur Internet. C'est ce qui est arrivé à Amanda Todd, une Canadienne de 15 ans qui a préféré se suicider plutôt que de vivre l'humiliation que lui infligeaient ses bourreaux sur Facebook...
C'est pour cela qu'il faut réagir immédiatement et fuir tout de suite un environnement vicié. Il ne faut pas laisser le temps aux harceleur de s'organiser et de s'acharner sur la victime. Il faut réagir tout de suite et partir s'il le faut.
J'espère que les écoles publiques finiront par prendre ce phénomène au sérieux, en changeant leur attitude face à ces adolescents et en repensant les valeurs que l'école est censée transmettre.
Victimes ou proches de victimes, profitez des avantages d'internet en rentrant en contact avec des gens qui connaissent ou ont connu le calvaire que vous subissez. Prenez les choses en mains, et n'acceptez plus d'être traité comme un moins que rien, vous ne l'êtes pas!
Agresseurs ou proches d'agresseurs, c'est vous et seulement vous qui pouvez apporter la solution à ce terrible problème. Si votre enfant adopte un comportement violent et intolérant vis à vis d'un de ses camarades, en dépit des valeurs que vous vous êtes efforcé de lui transmettre, vous devez réagir en le faisant aider. Agresseurs, comprenez la gravité de vos actes, les conséquences parfois irréverssibles qu'ils peuvent entraîner. Vous êtes ou avez peut-être été vous aussi victime de violence. Vous êtes de toute manière victime de vos propres parents qui ne sont pas capables de vous prendre en mains. Je peux comprendre votre souffrance mais elle n'excuse pas celle que vous infligez à vos camarades de classe. Faites-vous aider.